lundi 5 décembre 2016

4 ans et demi - fiche technique

Noms : Thomas, Tit’Prince, Tit’Père, Tit’Cœur, Monnamour, Monnange, Cass’bonbons.

Taille : Très grand, mais toujours moins que Diane. Hélas.

Poids : Léger comme une plume quand il s’agit d’embrasser sa mère, lourd comme une pierre à l’heure de la bagarre avec un autre représentant de l’espèce masculine.

Particularités physiologiques : Beau comme un camion, fort comme un Turque, têtu comme une mule.

Autonomie : 13h de veille en moyenne, ne nécessite plus de recharge à la mi-journée, mais finit ses journées sur les rotules.

Consommation : Variées mais abondantes. Une légère préférence pour le sucré, adore les quiches maternelles et les gnocchis paternels, avale sans broncher toute espèce de légumes (sauf la salade), joue les fins gourmets devant les plateaux de fromage, capable de repérer en un coup de dent s’il s’agit de lait de vache, de chèvre ou de brebis.

Imperméabilité : Diurne et nocturne.

Activités quotidienne : L’école et les jeux de courses et de bagarres avec son groupe de terreurs de copains chéris. La TV et ses cartoons préférés (des chiens, des voitures, des avions, et des enfants supers-héros). Son bureau et ses livres de coloriage.

Particulièrement doué pour : Les câlins. La mécanique. Le judo. Décréter qu’il a gagné, même quand de toute évidence il a perdu.

Habitacle : Le salon et son (immense) circuit de train. Sa chambre et ses (milliards de) petites voitures. Le lit parental (et l’oreiller maternel).

Compatible avec le modèle Lyam.


Livré sans ses accessoires (Doudou, Maman, Papa, Diane, Olaf).


4 décembre 2016, ouverture officielle des hostilités noëllesques.

jeudi 1 septembre 2016

Maux d'enfants - rentrée 2016


Thomas a une approche toute personnelle du culte religieux :
« Ooh, c’est beau les bougies dans la cathédrale… C’est l’anniversaire de qui ? »

Diane aussi :
« ça fait trop peur l’enfer, je crois que celui qui a inventé ça, c’est un Dieu méchant. »

….

Thomas a, également, une notion toute relative du temps qui passe :
« Toute à l’heure il y a longtemps, tu te rappelles, j’étais dans ton ventre ! »

Diane aussi :
« ça y est, j’ai 7 ans et demi, ça veut dire que je suis presque une adolescente. »

….

Femme souvent varie, aussi Diane s’effondre un jour, de crainte de ne pas « être à la hauteur » au CE1, et le lendemain saute de joie à l’idée de revoir bientôt ses copines et d’étiqueter ses fournitures scolaires.

Femme souvent varie, mais Thomas aussi. Le matin, à l’heure d’attaquer la journée, il trouve que 4 ans, c’est « trèèèèès grand, presque comme Diane ! » Mais le soir, quand il s’agit d’affronter la nuit et le sommeil, il roule en boule dans mon giron et me confie « 4 ans, en vrai, c’est encore tout petit tu sais ».


Diane est fidèle et loyale, et jure qu’elle aime ses deux parents « égalité ». D’ailleurs, elle a décidé qu’il valait mieux ne pas tomber amoureuse pour être sûre de ne jamais risquer d’aimer quelqu’un plus que nous.

Thomas a moins de scrupules et affirme que ses copains préférés, « c’est Yanis, et Annis qui est marron, pas l’autre », sa maison préférée, « c’est la maison de Quend », et sa maman préférée, c’est moi.


Thomas est assez monothématique, dans ses goûts et lectures. Faut que ça vrombisse et roule vite, très vite. D’ailleurs, comme lot à la pêche aux canards, il a choisi un camion en plastique.

Diane a des passions diverses et variées, de Harry Potter aux Chevaliers du Zodiaque, de Pirates des Caraïbes à Emily Jolie. D’ailleurs, comme lot à la pêche aux canards, elle a choisi des poignards de ninja (en plastique aussi).


Tous deux ont de solides ambitions, pour leur avenir.
Thomas a prévu de courir plus vite que Diane à 7 ans et d’être plus grand que son Papa à 15 ans. Ah, et de conduire le scooter de Tonton Fred.
Diane a prévu de devenir une star du cinéma pour rencontrer le vrai Harry Potter (et éventuellement l’épouser).

Diane voudrait savoir s’il y a un âge limite pour continuer à dormir avec un doudou. Je l’ai rassurée.

Thomas voudrait savoir s’il y a un âge limite pour arrêter de dormir avec ses parents. Ça ne m’a pas rassurée.

…. Et aujourd’hui …

Aujourd'hui, Diane est allée à l’école en serrant les dents, bien obligée.  Elle en est revenue vaguement rassurée, heureuse d'être assise à côté de sa copine, et à la question : « c'est ok, on y retourne demain ? », elle a répondu un franc et net : « Non ! »

Aujourd'hui, Thomas est allé à l'école plutôt content de retrouver son petit monde, mais un peu inquiet d'avoir à affronter la cantine, principale source d'angoisse de l'année dernière. Il en est revenu satisfait, écorché, fatigué, détendu, et à la question : « c'est ok, on y retourne demain ? », il a répondu un franc et net : « Oui ! »


Bonne rentrée mes Loulous !




lundi 29 août 2016

Parce que cet été, il y a eu aussi....


Des plongeons dans les vagues de la Manche et dans un lac du Tarn.


De la pêche aux crevettes et aux têtards.


Des semaines sans les parents et d’autres rien qu’avec les parents.


Des nuits sans couche et sans accident.


Des longueurs sans brassard et sans noyade.


Des journées dans le train, des journées dans la voiture.


Des tours de manèges, d’auto-tamponneuses, et de chars à voile.


Des heures dans les trampolines, piscine à vagues, toboggans en tout genre.


Des visites culturelles, parisiennes, champêtres ou sous terre.


Des châteaux de sables et des châteaux de pierre.


Des balades à vélo et en bateaux.

Des petits trains en bois, des grands trains touristiques.


Des grasses mat’ pour l’une et des petites siestes pour l’autre.


Des glaces à la pistache, au chocolat, à la violette et au chewing-gum.


Des livres dévorés et des cahiers de vacances à peine entamés.


Des cartes postales envoyées, des cartes postales reçues.


Un mariage, une cousinade et des rencontres amicales.


Des heures devant de petits et grands écrans.


Des matins-câlins et des soirées-tendresse.


Des teintes caramel, des peaux cuivrées, des dents blanches et des cheveux dorés.

....


Où l’on peut dire que Diane a pris 3 centimètres, perdu 2 dents, se passe désormais de bouées et de petites roues, et a été une grande sœur douce, attentionnée et patiente presque tout le temps.


Où l’on peut dire que Thomas a pris 3 centimètres, dort désormais sans couche, a enrichi son vocabulaire motorisé, et a été un petit frère tendre, admiratif et patient presque tout le temps.





mardi 19 juillet 2016

Nissa la Bella

Chère Nice.

Tu m’as accueillie, il y a 10 ans exactement. Tu m’as donné un diplôme, puis un boulot. Tu m’as mariée et tu as vu mes enfants naître. Sans que j’y prenne garde, tu es devenue mon chez moi.

On se connaît bien, toutes les deux. Je sais tes beautés et tes salissures. Je sais les rues où il faut lever la tête pour admirer tes merveilles, et celles où il vaut mieux surveiller ton trottoir. Je sais tes fragilités et tes déchirures, celles que tu caches et celles que tu assumes.
Je connais plutôt bien les Niçois. Les vrais comme les adoptés, les jeunes et les retraités, les touristes et les habitués. Je lis leurs courriers tous les jours. Il y en a qui t’adulent et te flattent, d’autres qui grognent et qui râlent. Mais tous t’ont dans la peau.

Et aujourd’hui, ils sont nombreux, ceux qui te pleurent, te soignent et te consolent.


Tes quartiers ont toutes les couleurs. Il y a ceux des cartes postales et ceux des tours grises ; il y a ceux du bord de mer et ceux nichés sur les collines. Et puis il y a le mien. Je l’aime d’amour, mon quartier, tu vois. Je trouve qu’il te ressemble, plein de vie, d’odeurs, de musique. Mais voilà, ce que peut-être tu ne sais pas, c’est que ses faux airs de village, sa socca et ses platanes, cachent une faille profonde, dangereuse. Un fossé plein de regards soupçonneux sur des voiles trop ajustés et de lèvres pincées sur une jupe trop relevée.

Oui, Nice, ça aussi, c’est toi. Et ça fait mal.

Alors, comme je n’imagine pas de te quitter, je prends la main de mes enfants et on saute par-dessus cette faille pour rejoindre leurs copains, leur école, celle de la République, celle qui apprend comment vivre ensemble, qui tente de combler le fossé. On saute, mais jusqu’à quand sauterons-nous assez loin ? A toi je peux le dire, parfois j’ai peur de ne plus y arriver et de vouloir fuir ce quartier. Je me sens impuissante devant sa violence ordinaire, prisonnière de cette ambiance délétère qui ne s’assume pas, blessée par les tensions que l’on dit extra-communautaires et qui t’abîment.


Chère Nice, ton assassin, ton meurtrier, habitait à quelques rues de la mienne. J’en suis plus en colère que réellement bouleversée. En colère parce que trop de yeux se sont fermés sur les sonnettes d’alarme tirées. Et quelle solution à l’horizon ? Rien, rien, rien, seulement l’espoir que nos enfants, au prix de leur innocence, sauront faire mieux que nous.


Nice ma Belle, Nice Reine des Fleurs, je continue à vivre, à rire, à sortir. Je résiste à la tentation de l’abandon, à la tentation de la haine. Je me dis que là réside ton salut. Je marche dans tes rues de soleil, je déjeune dans tes parcs, je regarde tes amoureux, je me persuade que tu vas bien, malgré tout, malgré eux. Je continue d'espérer que les choses finiront par s'arranger, que le vivre ensemble et les jolis mots dont j'arrose mon travail deviendront un jour réalité. Que plus aucun quartier, aucune ville du monde ne saignera comme tu as saigné. 

Je ne céderai pas, je ne m’enfermerai pas, je continuerai d'y croire. Parce que c’est ce que tu mérites. Toi dont la beauté orgueilleuse et insolente est la meilleure des réponses à ceux qui essaieront d’éteindre tes lumières.


lundi 27 juin 2016

Le foot, c'est génétique ?

Ce matin, Diane est allée à l'école avec un maillot de l'équipe de France. HEU-REUSE. La donzelle est pistonnée, elle a assorti le t-shirt avec les chaussures.


Sur la grande table du salon, elle compte ses auto-collants, stickers des joueurs européens sélectionnés pour l'Euro. Ses jambes se balancent dans le vide, la chaise est bien trop haute pour elle, mais il n'y a que là qu'elle a la place d'étaler ses trésors. Son album se remplit doucement mais sûrement, et mine de rien, elle révise sa géographie.

Le premier soir de l'Euro, la petite veinarde a eu le droit de veiller jusqu'à la mi-temps du match. Collée-serrée contre son père, elle a bien observé et mimé chacune des mimiques de son géniteur, pleines d'espoir ou de désespoir. Elle a observé, mais surtout, elle a commenté. Tout, et tout le temps, mais hélas à contre temps. De quoi titiller la patience du plus patient des papas.
Parce que tu vois, si une Diane en temps normal, ça papote et ça commente tout ce qui lui tombe sous la dent, et bien une Diane un soir de match, ça rivalise sans peine avec les Ginola et autre Lizarazu. Que du coup on n'entend plus.

En père héroïque, Nicolas a serré les dents et laissé passer la mi-temps. Elle finira bien par aller se coucher, la donzelle, pensait-il, et alors il pourra profiter pleinement, et enfin appeler son père. Oui, appeler son père. Si moi je consulte ma mère, qui comme chacun sait est juriste, médecin, psychologue, urgentiste, et bureau des plaintes à toute heure, Nicolas appelle son père les soirs de matchs. C'est comme ça, un rituel rodé et attendrissant que je me garderai bien d'interrompre.
Parce que soyons honnête, un match de foot, ça se savoure entre hommes, même à distance ; ça se vit entre mâles, comme une partie de pétanque ou un verre de pastis. Les femmes y sont admises, bien obligés et pour le décorum, mais soyons honnête, soyons sérieux, le foot, c'est pas pour les gonzesses. Ni pour, ni par. Qui connaît le nom des joueuses de l'équipe féminines de France, humm ? Je dirai même qu'il s'agit là du dernier espace de virilité que nous leur laissons, eux à qui nous demandons de changer une couche, faire les courses et la vaisselle, et sans se plaindre en plus.

Je me suis égarée ? Pardon.

Le foot, c'est pas pour les filles, et du coup, ça plaît à la mienne. Je persiste à l'habiller de rose malgré ses protestations mais je n'arrive plus à lui faire enfiler une robe un jour d'école. Il paraît que ce n'est pas pratique. Diane aime le foot et me jette à la figure ma féminité parfaitement déplacée, d'ailleurs si j'avais fait un petit effort je lui aurai fabriqué ce chromosome Y qui lui manque tant. Voilà, Diane aime le foot et aurait aimé être un garçon. Déjà, avec 10 mots de vocabulaire, elle m'en faisait voir de toutes les nuances de bleus, refusant en bloc la moindre allusion à sa condition de fille. Ça lui a passé, alléluia... Elle reconnaît même un avantage certain au double chromosome X, puisque grâce à lui, elle aura un jour un bébé dans son ventre. Mais quand même, quand même, c'est bien dommage d'être une fille...


Diane aime le foot, par esprit de contradiction ou devoir filial, et elle a donc commenté la première mi-temps, les joues peinturlurées de bleu-blanc-rouge et le verbe haut. Je me suis aperçue, surprise, que non seulement elle reconnaissait les joueurs, mais qu'en plus, elle a compris l'essentiel des règles pourtant obscures de ce jeu de ballon. 
Ainsi, elle sait que : on ne peut pas toucher la balle avec les mains, sauf si on est le gardien ; on peut se rouler très longtemps dans l'herbe pour demander un pansement ; les cartons jaunes et rouges sanctionnent les bêtises réelles ou imaginées, mais il est interdit de protester ; et quand on marque un but, on a le droit de crier très fort mais pas d'enlever son maillot. Ça marche aussi pour les buts de l'équipe adverse, mais alors là, on crie en disant des trucs encore plus rigolos.

Diane a donc passé une bonne soirée, collée à son père et sous mon regard amoureux. Son père aussi a apprécié, finalement, puisque l'équipe de France a gagné. Et depuis, Diane suit les résultats avec intérêt, s'inquiétant à l'avance du prochain adverse et se réjouissant de concert avec son paternel. (J'espère qu'ils ne seront pas trop déçus en cas d'élimination prématurée.)

Et Thomas, me diras-tu ? Et bien Thomas n'en a absolument rien à carrer, car qu'ils soient ronds ou ovales, les ballons ont pour défaut majeur d'être dépourvus de moteur. CQFD.



mardi 21 juin 2016

Lever de rideau

Spectacle de fin d'année, au cours de théâtre...

Diane a choisi le rôle de l’orage. Celui qui est en colère, tape du pied, gronde et se marre.



Elle a choisi l’orage, et a imposé le costume sans robe ni sandale. Alors, Mamili s’est pliée aux exigences de l’artiste et lui concocté un déguisement tout en argent, brillants et éclairs. Moi, je lui en ai fabriqué un, d’éclair. Assorti à la tenue. Un éclair sur le modèle de celui d’Harry Potter, pour être un peu aussi l’héroïne de ma fille.

Elle a laissé passer les jours jusqu’au grand jour, tranquillement, patiemment, sans larme ni angoisse. Après tout, c’est son quatrième spectacle, elle est rodée, une vieille habituée des planches. Nous avons essayé d’en savoir plus, mais elle n’a rien voulu dévoiler. De toute façon, elle n’avait rien à répéter, ou seulement 3 phrases. Le reste, ce serait de l’impro, alors… C’est tout juste si elle révisait, à l’heure du bain, la chanson du final. Mais là, c’était sérieux, elle serait la chef de la chorale, pas question de se tromper.


Le jour J, je lui ai préparé son sac à dos, pic-nic, costume, brosse et barrettes à cheveux. Elle est partie en sautillant et les ongles intacts. Je ne pouvais pas en dire autant des miens.

Une demi-heure avant le lever de rideau, nous étions assis au troisième rang, Thomas sur les genoux, pressés et inquiets. Enfin, enfin, les lumières se sont éteintes.
Comme l’année dernière, les petits comédiens étaient tous bien mignons, tout jolis dans leurs jolis costumes. Un peu timides, petites voix et doigts dans le nez, regards inquiets, texte marmonné. Le public était conquis avant même de commencer, tout prêt à pardonner les répliques oubliées.

Et puis Diane est arrivée. Plus tornade qu’orage, elle a tourbillonné, crié, tonné, pouffé. Elle s’est lancée dans une improvisation hallucinante sur le thème du poulet qu’elle allait faire griller, sur les éclairs qu’elle ferait pleuvoir et qui piqueraient les fesses des nuages restés là. Elle a sauté, tourné, dansé, les gestes appliqués, la moue clownesque, les mots fusant à 100 à l’heure, pas émue pour un sou des rires qui venaient de la salle mais aussi des coulisses, de plus en plus nourris, jusqu’à ce qu’elle cède la place au personnage suivant.
Thomas en était baba d’admiration. Leur père aussi, et moi je n’en menais pas large. Je sais bien que ses habituelles larmes et inquiétudes cachent une solide, brillante, époustouflante petite bonne femme, et pourtant je suis toujours frappée de la voir si sûre d’elle.

Dix minutes après, devant ses copains en rang d’oignons, elle a entamé leur chanson, « le soleil a rendez-vous avec la luneuh ! Mais la lune n’est pas là, et le soleil l’at-tend… lalunéla, lalunéla, mais le soleil ne la voit pas ! » Les artistes ont été chaleureusement applaudis. Thomas, les yeux humides, tapaient dans ses mains le plus fort possible en criant « Bravo Diane ! Bravo Diane ! », faisant se retourner le deuxième rang rigolard. Les enfants ont salué comme des grands, et puis ont couru se cacher dans les coulisses.

Plus tard, à l’entracte, nous avons récupéré notre Sarah Bernhardt, heureuse de sa soirée et de cette année de théâtre. Le spectacle lui a tant plu qu’elle a un peu regretté d’avoir déjà choisi une autre activité extra-scolaire pour l’année prochaine. Mais le théâtre, elle y reviendra, si le cœur lui en dit. On n’est pas obligé d’être fidèle quand on a 7 ans.
Et puis les plus grands artistes choisissent toujours de finir au sommet de leur gloire, le moment me semble donc approprié.

Nous sommes rentrés et nous avons récompensé la vedette et son frère bien sage par un repas américain. Et pendant plusieurs jours encore, une petite ritournelle a tourné en boucle sous les crânes familiaux. « Le soleil a rendez-vous avec la luneuh ! Mais la lune n’est pas là, et le soleil l’at-tend… lalunéla, lalunéla, mais le soleil ne la voit pas ! »

Elle a choisi l’orage, et elle a drôlement bien fait.

 

mardi 7 juin 2016

Rails et chocolat

Si toi aussi, tu veux être une maman-qui-déchire-sa-race (parfaitement), voici ma recette pleine d'idées piquées sur internet pour fabriquer ZE gâteau-de-la-mort-qui-tue (parfaitement aussi).





Dans le monde impitoyable de la maternité, il y a l'épreuve du gâteau d'anniversaire. L'épreuve à ne pas rater, au risque de fiche en l'air la vie mondaine de ta progéniture et de te taper une honte intersidérale et numérique.
Tout comme je te dis.
D'ailleurs, toi aussi, copine-maman, tu connais ce moment où tu guettes, fébrile, la sortie du frigo du gâteau cuisiné par celle dont le rejeton fête son anniversaire. Comme tu es invitée et bien élevée, tu t'exclames et t'ébaubies sur la performance culinaire de ton hôte. Mais en vrai, tu jauges et tu juges.

Avec un peu de chance, son gâteau Clochette ressemble à une Barbapapa qu'auraient eu trop chaud, la pauvrette. Alors, tu lui affirmes, un brin condescendante, que c'est très réussi, et puis le vert Clochette est toujours difficile à obtenir en pâte à sucre. D'ailleurs, cette maman là, elle fait partie de tes préférées. Tu es même d'accord pour lui rendre l'invitation et lui laisser voir le bazar de ton salon.
Mais le plus souvent hélas, la maman pose sous ton nez une merveille de gâteau à étages, tendre et coloré, rainbowcake et jupe Princesse, lettres dorées et voiture de course posée sur un circuit en beurre frais.
Damned. Cette maman là, c'est décidé, tu ne l'aimes pas. Du tout. Le pire, c'est son sourire faussement modeste, "oh mais ce n'est rien du tout à faire !" Ben voyons. T'en es encore à ruminer que c'est pas possible, elle a dû acheter ça chez un pâtissier newyorkais, tandis qu'elle mitraille son gâteau, pardon, son lardon soufflant sa bougie, et s'empresse de poster la photo sur son facebook.

(Et si en plus la pignata est faite maison, plus JAMAIS tu lui dis bonjour...)

Voilà donc où nous en sommes réduits, nous, pauvres mamans de l'air internet. A évaluer la réussite sociale de notre progéniture au nombre d'étoiles en pâte à sucre qu'on aura réussi à poser entre leurs bougies. Le gâteau ne doit plus être mangeable, non ça c'est hélas trop souvent secondaire, mais instagram-compatible.


Et pour moi, c'est la CATASTROPHE....


Deux fois par an donc, je m'arrache les cheveux un bon mois à l'avance. COMMENT concilier mon allergie aux fourneaux avec un gâteau réussi ? Comme je ne suis plus totalement débutante, il y a plusieurs années déjà que j'ai réglé le problème des anniversaires fêtés 2, 3, 4 fois d'affilée. Je ferai UN gâteau maison, les autres je les achète. La raison du portefeuille est souvent la meilleure.
Pour Diane, ça a longtemps été un gâteau-papillon. Très bien, le papillon. Super-fastoche à faire, du moment qu'on n'y regarde pas de trop près la symétrie des ailes. Elle le voulait vert à chaque fois, j'avais donc demandé à ma mère de me trouver du colorant alimentaire vert. FAS-TOCHE.
Pour Thomas, j'ai tenté l'année dernière un gâteau-train. Un peu lourd, un peu moche, m'enfin il lui a suffisamment plu pour que cette fois-ci, je me lance dans une vraie composition. CETTE composition :
TADAAAAAAMMMM !!!
Et en plus, Thomas était content.

Première étape : la pelouse. Si si, le truc vert sous le train, c'est de la pelouse. Tu prends ton reste de colorant alimentaire vert qui, du coup, date de bébé-Diane, donc de mathusalem, et tu évites de trop te poser la question de sa date de péremption. Tu en glisses quelques gouttes dans un sac congélation que tu remplies ensuite de.... noix de coco râpée ! (Oui, je suis très fière de mon idée qui n'est même pas de moi en fait). Tu remues, malaxes, mélanges, ajoute du colorant si tu veux une teinte prairie normande, puis étales le tout sur ton plateau.
C'bô. Si le cœur t'en dit, tu peux décorer ta pelouse avec de petites fleurs en sucre rose ou blanc, mais moi j'ai eu la flemme. (Et ça, c'est un truc qui m'arrive souvent.)

Les rouleaux-déroulés de réglisse feront des rails sympas. Les gaufrettes aussi, mais c'est plus difficile d'y négocier les virages. Comme tu préfères. Et j'ai choisi des fingers au chocolat blanc pour les traverses. Pourquoi blanc ? Parce que c'est plus joli il me semble, et surtout je n'en ai pas trouvés de noirs, alors arrête de chipoter s'il te plaît.

Le chemin tracé, il ne te reste qu'à poser les wagons. 4 parce qu'il a 4 ans, c'est logique et mathématiques. Mais si la chair de ta chair fête ses 20 ans, tu peux faire ça sur une table en formica et alors tu auras la place.
Deux possibilités : faire cuire tes minis-cakes, ou les acheter tout fait. Devine quelle solution a eu ma préférence ?? Cette année, plutôt que les gros cakes au beurre de chez Carrouf découpés par mes soins, j'ai pris des petites génoises, noisettes et poires pour la couleur. Tu relies chaque wagon avec des demi-mikados, et hop, le tour est joué !

Arrive l'étape de la locomotive. S'agit de faire les choses bien, parce que Monsieur Thomas est incollable et implacable sur la construction des locomotives : une demi-génoise posée sur une entière pour faire la cabine, éventuellement tenue par un cure-dent ; une cigarette russe en guise de cheminée ; et des chamalows enfilés sur une paille, elle-même glissée dans la cigarette, pour la fumée. En vrai, j'ai eu du mal à installer ces fichus bonbons roses qui faisaient s'écrouler toute ma cheminée. Tu peux t'en passer, et décider que ton train est électrique. C'est toi le chef, après tout.

Ton train prend forme, c'est indéniable, mais il manque les roues. Et sans roues, ben ça roule pas. Je te propose donc des mini-oréo qui, je trouve, ont une bonne tête de roues (si, ça se dit), mais les mini-BN c'est sympa aussi, et plus souriant. Pour les coller sur tes wagons, un peu de chocolat blanc fondu très doucement au micro-onde est impeccable.

ATTENTION !!! il faut 6 roues sur la locomotive. C'est pas moi qui le dis, mais mon mini-cheminot.

Dernière étape (déjà ? rhoo c'est trop génial !) : la déco ! Si c'est pour un damoiseau-mécano, tu peux fabriquer un wagon à marchandise, avec des mikados plantés dans la génoise et des bonbons en guise de cargaison. Si c'est pour une damoiselle-exploratrice, tu assois des playmobiles voyageurs. Sinon, tu colles (au chocolat toujours) des smarties, ou tout autre bonbec coloré que tu aurais sous la main. Pense aux phares de la locomotive (un réglisse jaune, par exemple), n'oublie pas les bougies, et installe une vache en plastique pour bien finir les choses (enfin, je dis une vache, mais un mouton c'est bien aussi).

Et v'alaaaaa !! 20 minutes montre-en-main. Et je te raconte pas le sourire du bien-heureux fêté. Pour accompagner ton gâteau, tu peux proposer sur un plateau tes restes de matériaux : mikados, génoises, fingers et bonbons. Voir une boule de glace à la vanille ou sorbet à la poire, histoire de tenir les 5 fruits et légumes par jour, t'vois.

Et puis surtout, surtout, pense à prendre une photo avant le découpage, pour te rappeler, dans 50 piges, que toi aussi, tu as un jour été la maman d'un petit bonhomme, et que toi aussi, tu as réussi, haut la spatule, l'épreuve de son gâteau d'anniversaire.

Allez, bon courage, moi je pars souffler un coup, mon prochain gâteau est pour février 2017, j'uis laaaaarge !


4 ans sur l'Il aux trésors

Petits trains, circuit de voitures, véhicules de secours, engins de chantier, mécano et boite à outils… L’avalanche de cadeaux qui a submergé Thomas était résolument virile. Du bleu et du rouge pour notre petit mec, notre grand bonhomme qui a fêté, bien entouré, bien gâté, ses 4 ans.


Je voulais l’élever dans le rose et la dînette pour en faire un féministe. Je comptais sur sa sœur, celle qui ne voulait ni robe ni couette, pour lui expliquer la théorie du genre et l’égalité homme-femme.
 
J’ai essayé, je te jure que j’ai essayé.
 
A 8 mois, le seul livre de la bibliothèque dianesque qui l’intéressait, c’était celui avec une voiture bleue en pâte à modeler sur la couverture.
A 15 mois, le seul mot qui pouvait rivaliser avec Maman, c’était « Brouuuummm… ».
A 3 ans, le seul dessin-animé qui l’intéressait, c’était Cars.

Et aujourd’hui, son circuit de train est faramineux, sa collection de petites voitures prodigieuse, et sa passion pour les moteurs, stupéfiante.

Thomas aime la mécanique, c’est comme ça et je n’y peux rien. Ne jette pas ton rouge à lèvre à Nicolas, je te jure que ce n’est pas sa faute. Il était même plutôt d’accord avec mes idées revisitant Kipling, tu-seras-un-homme-mon-fils-mais-pas-un-macho.

Thomas aime la mécanique, et je m’y suis faite. Hier soir, alors qu'il regardait dans le vague, je lui ai demandé ce qu'il y avait dans sa tête. Il a souri, penché la tête, réfléchi une seconde, et m'a répondu : « dans ma tête, il y a des bonshommes de neige. Et des trains. Pleiiiin de train ! » Une réponse qui a follement plu à sa soeur.

Et d’ailleurs, pour son anniversaire, nous lui avons trouvé un nouveau pont à croisements pour ses rails. Et les petites voitures qui manquaient à sa Cars-collection. Quant au gâteau du jour J, c’était un petit train, si, même qu’il était plutôt réussi.

Tu vois, il y a longtemps qu’on a rendu les armes.



Son anniversaire, nous l’avons donc fêté tout le week-end, malgré les projets de picnic tombés à l’eau (de pluie). Samedi tôt le matin, il a sauté au milieu du matelas parental, immensément heureux d’être enfin le 4 juin. Depuis le 16 février, il comptait et décomptait les saisons, puis les mois, puis les semaines, et enfin les jours qui le séparaient de SON grand jour. A lui rien qu’à lui, même Diane devrait lui dire « Bon anniversaire », et chanter sa chanson, et peut-être même lui offrir un cadeau. Du bonheur à l’état brut…


Souriant et patient, Thomas a tout de même attendu le retour du travail de son père samedi pour souffler ses premières bougies. Puis il s’est extasié sur chaque ouverture de paquet, à grands coups de « Whaaaouuuu, un train !!!! », « Whaaaouuuuu, des voitures !!!! », « Whaaaouuuuu, un truc !!!! » (sic). Dimanche, il a partagé bien volontiers (ou presque) ses nouveaux jouets avec sa bande de cousins au masculin. Lundi, il a amené, fier comme un paon, gâteaux, bougies et bonbons pour fêter l’évènement avec ses copains de classe. Et mercredi, il a invité à goûter à la maison Matthieu, son compère de bêtises de l’école. (Oui oui, mercredi, tu as bien lu, je serai donc absente à la première invitation mondaine de Thomas ; pour une fois, c’est Monsieur Son Papa qui s’y colle, et c’est très bien comme ça !)



Cette semaine d’anniversaire s’est bien passée. Moins nostalgique que fatiguée, je l’ai laissé souffler ses 4 bougies. Je l’ai regardé jouer, s’émerveiller, remercier, s’indigner parfois, savourer toujours ; j’ai cherché dans sa silhouette un reste du bébé qu’il était, les épaules larges, le regard sérieux, les cheveux en bataille, mais je n’ai vu que le jeune homme qu’il serait un jour.



Et voilà mon Thomas, tu les as enfin, ces 4 ans qui te faisaient tant envie. Quelle chance d’être tes parents, quel bonheur de t’observer vivre et grandir. Et quel plaisir de respirer tes cheveux pendant tes câlins sans fin, d’écouter ton souffle lourd de bébé, de sentir ta peau douce de tout petit et tes mains serrer si fort nos doigts.

Quelle joie d’être toute à toi.

Ton père et moi te souhaitons un bel anniversaire, et nous t’embrassons comme nous t’aimons.

mercredi 25 mai 2016

J - 10

Les saisons de Vivaldi. Les Daltons de Lucky Luke. Les mousquetaires de Dumas. Les filles du docteur March. Les fantastiques du marvel. Les cavaliers de l’Apocalypse. Les tortues du ninja. Les horizons et les vents de Salomon. Les îles du Japon. Les points du cardinal. Les temps de la Défense. Les maisons de Poudlard. Les trimestres de l'année. Les dimensions de la physique. Les mariages pour l’enterrement. Les garçons dans le vent. Les filles et le jean. Les enseignes des jeux de cartes. Les vers d’un quatrain. Les cheveux coupés. Les fers en l’air. Les mains sur le piano…

Et puis le cake que tu savoures à l’heure que tu préfères. Tes 100 coups. Tes vérités. Tes volontés. Le nombre de fois où je me plierai pour toi, les veines que je me saignerai, les feuilles du trèfle que je t’offrirai. Les coins du monde où tu iras te promener un de ces matins, et aussi les chemins où tu n’iras pas.

Tu auras 4 ans le 4 juin, mon Thomas, mon tout à moi, ma preuve par 4 que 1 et 1 font 4.


samedi 21 mai 2016

Tournez manège !

Pause au pays des cow-boys et des indiens pour une journée à quatre.





Ils sont passés sous la toise impitoyable, le plus droit possible, peut-être même sur la pointe des pieds, pour gagner les demi-centimètres qui leur manquaient. Bien leur a pris, car les agents du parc n’y ont vu que du feu, et voilà Thomas qui accède aux « petits trains sur la montagne », et Diane aux « manèges de grands » !

Pour la première fois de notre vie à 4, nous avons pu faire « toussenssemble » la plupart des attractions d’un parc.
Nous savions Diane friande de sensations fortes, toujours plus haut, toujours plus vite, hurlant son rire, les bras en l’air quand ses parents restent agrippés à la barre de sécurité. Mais nous nous posions la question pour Thomas, et c’est un peu inquiète que je l’attachais à côté de moi, un matin de mai, pour son premier tour de montagne russe.
Inquiet, Thomas l’était aussi. Inquiet, mais déterminé à ne pas le montrer, décidé à tout faire « comme Diane » qui frétillait de bonheur derrière nous. Légèrement crispé, il attendait le démarrage en observant, évidemment, les rails et les roulements, les bielles et les moteurs.

Au démarrage, je lui glisse à l’oreille : « si tu as un peu peur, tu peux crier. Tu verras, c’est plus rigolo comme ça ».

Il a hurlé toute la descente, un long cri perdu, plein de rires étranglés et un brin paniqués. Nous faisons d’abominables parents, j’ai pensé. Il est bien trop petit, plus jamais il ne mettra les pieds sur un manège, 20 années de psychanalyse assurées.
Quand enfin le wagon s’est arrêté, mon tout petit bébé traumatisé s’est tourné vers moi et m’a crié : « Encore !! »

Ah.

En sortant de là, un peu tremblant quand même mais se dirigeant résolument vers la file d’attente pour un nouveau tour, Thomas nous a affirmé : « C’est rigolo d’avoir les chocottes ! » Nous n’avons pu qu’acquiescer.
Il semble donc que l’entraînement intensif que lui font subir Papé et Parrain depuis toujours l’ait bien habitué à avoir la tête et l’estomac à l’envers.


Et la journée a filé sur ce rythme. A tour de rôle, les enfants choisissaient une attraction, rivalisant de goût pour les plus effrayantes. Ballotés, secoués, morts de trouille mais morts de rire, c’était à qui gardera les bras levés le plus longtemps (c’est Diane qui a gagné), qui râlera le plus pendant les pourtant rapides files d’attente (c’est aussi Diane qui a gagné), qui portera le plus le sac à dos plein de changes, casquettes, crème solaire et gourdes d’eau (là, c’est Nicolas qui a gagné).
Thomas a réclamé 5 ou 6 fois les rapides qui se terminaient dans un grand rire et un grand plouf. Diane a obtenu de faire les manèges d’adulte, une fois avec son père, une fois avec moi, m’affirmant sans vergogne que je ne faisais pas ma maline la tête en bas, mais qu’elle, oui !

Nous avons imposé quelques pauses, au volant d’une auto-tamponneuse, devant un spectacle d’attaque de diligence ou sur le cheval d’un carrousel. Le temps de digérer, de profiter, de savourer, toussa toussa. Mais Diane baillait ostensiblement, les mains croisées sur la nuque, attendant l’heure d’affronter la maison hantée. Thomas, lui, voulait absolument un tour de grande roue. Et nous, nous avons couru derrière nos têtes blondes, immensément heureux de ne pas avoir à gérer couches, poussettes et autres vomitos croisés dans le parc.


La journée s’est terminée dans un magasin d’attrape-nigauds de souvenirs. Face à notre refus ferme et résolu d’acheter un costume de cow-boy, Diane a proposé de nous rembourser, grâce à l’immense fortune cachée dans son porte-monnaie rose, le chapeau qui lui faisait tant envie. Fatigués et sous le charme de notre Calamity Jane ainsi coiffée, nous avons cédé. Thomas a gagné dans l’opération son propre couvre-chef de shérif, laissant à une Diane complaisante le rôle de shérif adjoint.

En bref, une chouette journée au soleil pour découvrir que nos petits ne le sont plus tant que ça, et c’est drôlement bien comme ça !



Florilège & Co

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Trentenaire, amoureuse, maman, active. Ne cuisine pas, ne coud pas, ne colorie pas. Bouquine, écrit, court après le temps tout le temps.