mercredi 25 mai 2016

J - 10

Les saisons de Vivaldi. Les Daltons de Lucky Luke. Les mousquetaires de Dumas. Les filles du docteur March. Les fantastiques du marvel. Les cavaliers de l’Apocalypse. Les tortues du ninja. Les horizons et les vents de Salomon. Les îles du Japon. Les points du cardinal. Les temps de la Défense. Les maisons de Poudlard. Les trimestres de l'année. Les dimensions de la physique. Les mariages pour l’enterrement. Les garçons dans le vent. Les filles et le jean. Les enseignes des jeux de cartes. Les vers d’un quatrain. Les cheveux coupés. Les fers en l’air. Les mains sur le piano…

Et puis le cake que tu savoures à l’heure que tu préfères. Tes 100 coups. Tes vérités. Tes volontés. Le nombre de fois où je me plierai pour toi, les veines que je me saignerai, les feuilles du trèfle que je t’offrirai. Les coins du monde où tu iras te promener un de ces matins, et aussi les chemins où tu n’iras pas.

Tu auras 4 ans le 4 juin, mon Thomas, mon tout à moi, ma preuve par 4 que 1 et 1 font 4.


samedi 21 mai 2016

Tournez manège !

Pause au pays des cow-boys et des indiens pour une journée à quatre.





Ils sont passés sous la toise impitoyable, le plus droit possible, peut-être même sur la pointe des pieds, pour gagner les demi-centimètres qui leur manquaient. Bien leur a pris, car les agents du parc n’y ont vu que du feu, et voilà Thomas qui accède aux « petits trains sur la montagne », et Diane aux « manèges de grands » !

Pour la première fois de notre vie à 4, nous avons pu faire « toussenssemble » la plupart des attractions d’un parc.
Nous savions Diane friande de sensations fortes, toujours plus haut, toujours plus vite, hurlant son rire, les bras en l’air quand ses parents restent agrippés à la barre de sécurité. Mais nous nous posions la question pour Thomas, et c’est un peu inquiète que je l’attachais à côté de moi, un matin de mai, pour son premier tour de montagne russe.
Inquiet, Thomas l’était aussi. Inquiet, mais déterminé à ne pas le montrer, décidé à tout faire « comme Diane » qui frétillait de bonheur derrière nous. Légèrement crispé, il attendait le démarrage en observant, évidemment, les rails et les roulements, les bielles et les moteurs.

Au démarrage, je lui glisse à l’oreille : « si tu as un peu peur, tu peux crier. Tu verras, c’est plus rigolo comme ça ».

Il a hurlé toute la descente, un long cri perdu, plein de rires étranglés et un brin paniqués. Nous faisons d’abominables parents, j’ai pensé. Il est bien trop petit, plus jamais il ne mettra les pieds sur un manège, 20 années de psychanalyse assurées.
Quand enfin le wagon s’est arrêté, mon tout petit bébé traumatisé s’est tourné vers moi et m’a crié : « Encore !! »

Ah.

En sortant de là, un peu tremblant quand même mais se dirigeant résolument vers la file d’attente pour un nouveau tour, Thomas nous a affirmé : « C’est rigolo d’avoir les chocottes ! » Nous n’avons pu qu’acquiescer.
Il semble donc que l’entraînement intensif que lui font subir Papé et Parrain depuis toujours l’ait bien habitué à avoir la tête et l’estomac à l’envers.


Et la journée a filé sur ce rythme. A tour de rôle, les enfants choisissaient une attraction, rivalisant de goût pour les plus effrayantes. Ballotés, secoués, morts de trouille mais morts de rire, c’était à qui gardera les bras levés le plus longtemps (c’est Diane qui a gagné), qui râlera le plus pendant les pourtant rapides files d’attente (c’est aussi Diane qui a gagné), qui portera le plus le sac à dos plein de changes, casquettes, crème solaire et gourdes d’eau (là, c’est Nicolas qui a gagné).
Thomas a réclamé 5 ou 6 fois les rapides qui se terminaient dans un grand rire et un grand plouf. Diane a obtenu de faire les manèges d’adulte, une fois avec son père, une fois avec moi, m’affirmant sans vergogne que je ne faisais pas ma maline la tête en bas, mais qu’elle, oui !

Nous avons imposé quelques pauses, au volant d’une auto-tamponneuse, devant un spectacle d’attaque de diligence ou sur le cheval d’un carrousel. Le temps de digérer, de profiter, de savourer, toussa toussa. Mais Diane baillait ostensiblement, les mains croisées sur la nuque, attendant l’heure d’affronter la maison hantée. Thomas, lui, voulait absolument un tour de grande roue. Et nous, nous avons couru derrière nos têtes blondes, immensément heureux de ne pas avoir à gérer couches, poussettes et autres vomitos croisés dans le parc.


La journée s’est terminée dans un magasin d’attrape-nigauds de souvenirs. Face à notre refus ferme et résolu d’acheter un costume de cow-boy, Diane a proposé de nous rembourser, grâce à l’immense fortune cachée dans son porte-monnaie rose, le chapeau qui lui faisait tant envie. Fatigués et sous le charme de notre Calamity Jane ainsi coiffée, nous avons cédé. Thomas a gagné dans l’opération son propre couvre-chef de shérif, laissant à une Diane complaisante le rôle de shérif adjoint.

En bref, une chouette journée au soleil pour découvrir que nos petits ne le sont plus tant que ça, et c’est drôlement bien comme ça !



jeudi 12 mai 2016

Les sanglots longs




Diane.

Ma douceur, mon tourment.

Ma joie, mon émoi.

« Et moi, et moi, comment tu m’aimes, combien tu m’aimes ? »

A l’infini ma jolie.

« A l’infini plus l'infini ? » Et plus encore.

Tu t’inquiètes, frottes ton petit nez. Tes pommettes se colorent de rouge, et le bleu de tes yeux se noie dans tes larmes. Tu t’inquiètes, tu m’inquiètes.

Et moi, et moi, est-ce que je fais bien, est-ce que je fais mal ? Comment savoir ?

Je voudrais te calmer, te protéger, te rassurer. Mon tout petit bébé.

« Je suis la combien, dans ton cœur ? » La première, la seule, l’unique.

 « Et Thomas ? Et Papa ? » Vous êtes mes premiers, mes seuls, mes uniques.

« C’est pas possible. » Si c’est possible. Il y a un escalier dans mon cœur, et sur la première marche, il y a vous.

« Et moi, et moi ? Je suis avant ou après Papa ? Je suis avant ou après Thomas ? »

Chut ma douce, ma colombe, mon bouleversement.

Sèche ces larmes qui font chavirer mon âme, viens dans mes bras, prends ma force, prends mon souffle. Tout va bien aller. Toujours et pour toujours.

« Et si je ne sais pas ? Et si je n’y arrive pas ? La vie, c’est trop compliqué, tu sais. »

Tu soupires, t’étires, et roules en boule sur ton doudou.

C’est vrai que c’est compliqué. Mais c’est joli aussi. Il y a plein de bonheurs à cueillir, et tant pis pour les épines.

« Je veux jamais partir. Je veux rester avec toi pour toujours ! » Si tu savais comme j’aimerais, mais ça je ne te le dis pas. Je te dis que tu feras comme tu voudras, et que c’est sûr, je serai toujours là pour toi.

Tu pleures encore. L’âge de raison a ses raisons que ma raison ignore. Mes baisers glissent sur tes joues et ton nez mouillé se perd dans mon chemisier.

Je voudrais tant te calmer, te protéger, te rassurer. Mon tout petit, si petit bébé.

Je prends ma grosse voix, te dis que tu sauras, y arriveras. C’est sûr. Suffit ces sanglots, ces larmes de crocodile et ces inquiétudes de trop grande fille. Tout va bien aller, je ne connais personne qui saura vivre mieux que toi.

Et j’en suis convaincu.

Chut ma douceur, mon tourment, ma joie, mon émoi. Tout va bien aller.

Toujours et pour toujours.

Florilège & Co

Ma photo
Trentenaire, amoureuse, maman, active. Ne cuisine pas, ne coud pas, ne colorie pas. Bouquine, écrit, court après le temps tout le temps.