mercredi 16 mars 2016

Happy B, moi !



Incroyable mais vrai, je suis née le même jour qu’Albert de Monaco. Oui, c’est la classe. En même temps, j’ai toujours pensé que la couronne m'irait bien, puisqu’il paraît que j’ai une tête à claques à chapeaux. 

Précision utile : nous sommes nés le même jour, mais avec 27 ans d’écarts. La preuve, c’est que moi j’ai encore des cheveux. Tout plein, et des même pas blancs.

En plus d’une date d’anniversaire que l’on fête chaque année sous les giboulées, je partage avec Ton Altesse les mêmes signes zodiacaux : poissons ascendant gémeaux. Oui, tu peux mourir de jalousie, lui et moi on a plein de choses en commun (sauf la coiffure, mais là je me répète). J’ai lu cette info formidable et essentielle dans mon quotidien régional, entre les mots croisés et l’horoscope du jour. C’est ainsi que j’ai également découvert que les heureux détenteurs de ce double-signe-double (2 poissons/2  gémeaux, on est nombreux dans ma tête), sont des êtres qui, ouvrez les guillemets, refusent de s’ennuyer, changent souvent d’avis, sont curieux, touche-à-tout, ont du mal à se fixer sur un seul objectif et préfère mener plusieurs projets de front, fermez les guillemets.
Tout ça pour Albert et moi. Evidemment, la lecture de ces quelques lignes éclaire d’un jour nouveau la vie amoureuse de mon coéquipier zodiacal. Aaaah okayyyy…… En fait c’était pas sa faute, c’est astral, il pouvait pas lutter le pauvre.
Par contre, pour ma vie amoureuse à moi, je dois plutôt tirer de mon signe astrologique chinois : le doux, placide et tranquille bœuf, les cornes en moins of course.

Il est dit aussi, rouvrez les guillemets, que le poisson-gémeaux est profondément intuitif, réceptif, dévoué aux autres, possède un solide sens du devoir et aime beaucoup découvrir de nouveaux horizons pour enrichir ses connaissances, refermez les guillemets.
Là, j’avoue, je suis un peu dubitative. Loin de moi l’idée de remettre en question le savoir de Monsieur ou Madame Horoscope du Nice-Matin, mais très franchement, je ne me retrouve pas dans cette description. Intuitive et réceptive, pourquoi pas, sauf quand il s’agit des chiffres du loto ; je suis dévouée aux autres à la condition sine qua non qu'ils sortent de mon utérus ; mon sens du devoir s’arrête à l’heure d’éteindre l’ordi du bureau ; et en ce qui concerne les nouveaux horizons, le bœuf susnommé n’aime rien tant que son champ bien délimité.

Alors, un signe double et une couronne pour moi ? Non vraiment ça fait trop, je ne m’y vois pas. J’ai donc refermé mon journal et je suis allée fêter dignement mes 31 ans (maintenant, grâce à moi, tu connais l’âge d’Albert, et tu feras sensation lors du prochain dîner mondain. De rien.)


Dignement, ça veut dire que j’ai soufflé 4 bougies sur un gâteau au chocolat maison (défi fou relevé par l’Homme qui, pour l’occasion, a même trouvé où je cachais le robot et les éponges), aidée par Thomas et sa rhinotrachéite. Aucune bougie n’a pu résister. Diane m’a offert la moitié d’un dessin (« j’ai pas fini mais c’est pas grave, des dessins de moi t’en as plein ». Certes.), de l’Homme j'ai reçu un très beau collier, et de mes tous des roses rouges, blanches et violettes. 
Je suis sûre qu’Albert n’a pas eu un aussi chouette anniversaire.

31, donc. J’avais adoré avoir 30 ans, même si l’année passée n’a pas été de tout repos.
Il y a un an tout pile, émue de cette nouvelle dizaine et les neurones nageant peut-être encore dans le champagne de ma belle fête, je me suis inscrite à un concours professionnel. Un concours de droit, pour moi qui n’avais jamais fait que de la com. Un concours où se pressent, tous les 2 ans, 2000 étudiants qu’aimeraient bien bosser dans la fonction publique, cause la crise, le chômage, les RTT, toussa toussa… Un concours où moins de 100 postes seront ouverts. 67, finalement. Un concours qui aurait pu s’appeler : « comment POURRIR ton année en 500 pages de code civil ? »

J’ai ressorti mes classeurs, acheté un beau stylo bille, et investi une petite fortune dans les bouquins, les annales, les corrigés.
J’ai consacré à ce concours mes week-end et mes jours fériés, mes soirées et mes petits matins, et jusqu’à mes précieuses vacances.
J’ai découvert un vocabulaire nouveau et fleuri, plein de AII, STIC, FPT, PPP…
J’ai appris par cœur une nouvelle guirlande de dates où 1515, 1789, 1936 et 1968 étaient remplacées par 1804, 1946, 1983, 1991, 2003, 2008, etc…
J’ai répété mes définitions en construisant un petit train en légo avec en fond sonore le générique de Princesse Sophia.
J’ai dû expliquer à Diane, une fois, 10 fois, 100 fois, que j’étais désolée mais que c’était comme ça, Maman travaille, Maman ne vient pas parce que Maman travaille, Maman travaille parce que quand on veut quelque chose, on s’en donne les moyens, même si ça pique, même si ça fait mal.

Je suis tombée malade, je l’ai refilé à Thomas, je me suis arrachée les cheveux, j’ai pleuré des larmes de crocodiles mais aussi des vrais sanglots, j’ai pesté, j’ai eu des crampes aux doigts et mal au ventre, j’ai lutté, je me suis maudite, détestée, j’ai fait une overdose de chips et coca déca, et puis j’ai passé l’écrit.

Je l’ai réussi, alors j’ai préparé l’oral. Je me suis donc à nouveau arrachée les cheveux, j’ai pleuré des larmes de crocodiles mais aussi des vrais sanglots, j’ai pesté, j’ai eu des crampes aux doigts et mal au ventre, j’ai lutté, je me suis maudite, détestée, j’ai fait une overdose de chips et coca déca, et puis je suis passée devant le juré.

Les 10 jours qui ont suivi ont été les pires, les pires de cette année de doutes, de remises en question et d’espoir.

Et puis je l’ai eu.

Il m’a fallu quelque temps pour vraiment réaliser. Pour en prendre la mesure. Pour savourer. Parce que ce concours, finalement, c’est pas juste un bête diplôme qui va consolider mon poste et m’offrir une petite augmentation de salaire. Ce concours, c’est aussi la preuve irréfutable que j’existe à nouveau par moi-même. La preuve indubitable que contrairement à ce qui me rongeait, mes choix professionnels étaient les bons. J’ai pu faire la paix avec l’ado coincée quelque part en moi, du coup je crois qu’elle est partie. C’est bien, il était temps. J’ai fait la paix avec mon temps partiel de maman, mes journées enfant-malade et les reproches de mes chefs. Oui, je peux mener deux vies de front, j’en ai le droit et les capacités.





J’ai fait la paix, il m’a fallu attendre mes 31 ans. C’était long, mais ça valait le coup, et c’est un beau cadeau d’anniversaire.

Soirée d'anniversaire, à 4

Florilège & Co

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Trentenaire, amoureuse, maman, active. Ne cuisine pas, ne coud pas, ne colorie pas. Bouquine, écrit, court après le temps tout le temps.