Au travail, bien sûr.
Enfants mini-modèles et séance photos pour les besoins du magasin de Nicolas. Les plus observateurs devraient deviner de quelle enseigne il peut s'agir...
Un papa directeur adjoint de magasin, c'est un papa souvent absent. De longues journées qui finissent après le coucher du soleil et des enfants. Les marathons quotidiens devoirs-bains-dîner-coucher-et-recoucher, je les cours toute seule. Et je ne parle pas des semaines en déplacement professionnel, qui sont, heureusement, plutôt rares.
Mais un papa directeur adjoint de magasin, c'est aussi un papa qui offre les chaussures les plus colorées de la cour de récré. Des chaussures toujours neuves, aux noms rigolos, avec des bulles dans la semelle, "et qui courent vite. Trèèès vite !" Les enfants adorent. (Génération perdue... Moi à ton âge j'avais des sandales et des chaussettes. Oui en même temps. Oui je sais.)
L'autre immense avantage du travail de Nicolas, c'est qu'il est le papa préféré des maîtresses sportives. Les malines ont vite compris qu'elles pouvaient obtenir du-dit papa de chouettes réductions contre un sourire et un mot gentil sur la progéniture chérie. Du coup, il peut être en retard à l'école, amener les enfants sans leurs cartables mais toujours en pyjama, elles ne lui disent rien. RIEN.
Les enfants savent que papa, il est au travail. Le soir et le samedi, pendant les vacances ou les dimanches, il est au travail. C'est comme ça, c'est la vie. Ils savent que c'est pour payer les petits pois de leurs assiettes et les prochaines vacances au ski. Ils savent aussi qu'il y va, bien obligé mais presque toujours avec le sourire. Que c'est une chance, un luxe d'aimer son travail, et que pour y arriver il faudra faire comme lui : beaucoup travailler à l'école (oui on ment parfois à nos enfants. C'est mal mais c'est pour leur bien).
Toutes les journées commencent par la même question : "aujourd'hui il travaille, papa ?" Et si la réponse est non, alors c'est une fête ! La fête le dimanche, parce qu'on est "toussensemble", la fête le mercredi, parce que "c'est une petite journée, école le matin et papa l'après-midi !"
Mes veinards ont leur père une fois par semaine rien que pour eux. (T'imagines pas combien je donnerais pour être à leur place.) Depuis 2 ans, les mercredis se passent donc à trois, sans moi, parfois sans chausson, souvent sans légume au déjeuner, toujours avec des sorties parc, bibliothèque, spectacle, et devant les dessins animés que j'avais interdits la veille. Leurs mercredis à trois, c'est une parenthèse précieuse, les maillons essentiels du lien qui les unit. C'est le seul jour de la semaine où c'est LUI qui se casse les dents sur les devoirs de Diane, étend une lessive, construit d'immenses circuits de trains, habille une Barbie, croque les petons et organise de fabuleux goûters à rallonge.
Leurs mercredis, je crois que c'est encore lui qui y tient le plus.
Papa est donc au travail, bien souvent mais pas toujours. Finalement, ce boulot prenant, crevant, stressant, passionnant, ne lui vole rien de son rôle de père. Au contraire. Il jongle, partage, se dédouble parfois, et assure sur tous les fronts (sauf quand il amène les enfants à l'école en pyjama, mais là on va m'accuser d'insister).
Papa est au travail, mais les enfants savent avec certitude que Papa est d'abord et avant tout leur Papa. Et c'est bien là tout ce qui compte.