mercredi 11 novembre 2015

L'écolier

Thomas va à l'école. On m'aurait demandé mon avis, pas sûre que j'aurais dit oui. Trop petit, mon bébé. Trop fragile, trop collé-serré, comment pourrait-il être heureux loin de mes jupes ? Non vraiment, pas possible.

Heureusement, heureusement, personne n'a jugé utile de s'intéresser à ce que j'en pensais.


Jour J, la tête et les chaussures à l'envers

La maîtresses de petite section nous avait prévenus, il y a longtemps déjà : elle veut le frère de Diane dans sa classe. C'est donc en parents habitués que nous nous dirigeons vers la classe de Thomas, lui tout fier de son nouveau tablier madine Mamili et sponsorisé par CarsPas d'hésitation dans les couloirs, et voilà que je te bise les vieilles connaissances, alors ces vacances ?, et que je te salue les enseignants, bonne rentrée mesdames, oui c'est Thomas, oui c'est le grand jour, oui tout le monde est bien content.

Ouuh la menteuse...

Ma main serrée sur celle de Thomas, je laissais mon nez s'allonger, le cœur quelque part dans les chaussettes. Trop d'enfants, trop de bruit, comment le laisser au milieu de ce brouhaha tout neuf ? Il n'acceptera jamais, jamais, jamais, et ne me pardonnera jamais, jamais, jamais.

On atteint enfin la dernière classe, au fond à droite. Je reconnais certains dessins, je me souviens du porte-manteau de Diane. Thomas, lui, accroche son sac et s'éloigne, un peu inquiet mais décidé, sans un regard pour le précieux contenant de son précieux doudou. Première étape passée haut la main, mon cœur remonte aux genoux.
La maîtresse nous salue gentiment. Thomas a sa mine concentrée, sourcils froncés, bouche pincée. Il marmonne un bonjour et balaie la pièce du regard. Rentrée échelonnée oblige, il partagera cette première journée avec 10 autres enfants. Rapide calcul, ils seront 30 enfants, cette année. 30 ? Et mon cœur dégringole jusqu'aux chevilles.
Approche l'Atsem, Lolo, que nous connaissons bien. Elle a rencontré Thomas il y a 3 ans, minuscule koala suspendu à mon cou. Elle l'a vu grandir, et je crois qu'elle l'aime bien. D'ailleurs, elle l'accueille chaleureusement, le front de Thomas se déride et mon cœur grimpe à nouveau quelques étages.

Formalités d'usage, papiers à remplir, pendant ce temps Thomas fait un tour rapide, et soudain pousse un cri de joie. Un copain ? Un doudou ? Mieux, un train !! Le même qu'à la maison !!! Plus petit of course, mais Thomas leur pardonne volontiers cette erreur naturelle. Il le sait, tout le monde n'a pas 30 mètres carrés de salon à consacrer à un petit train. Tout d'un coup dans son élément, il se fait une place près des rails et semble nous oublier. 
Les minutes filent, quelques enfants commencent à pleurer. Je fais mine de n'avoir rien vu mais Thomas s'approche de nous, à nouveau inquiet. Son père fait diversion, il lui propose d'installer son oreiller pour la sieste. Il est beau, cet oreiller madine Mamili aussi, décoré de voitures et de camions. Thomas accepte, presque content. 

Et puis arrive le moment de se quitter. Je glisse à l'Atsem qu'en cas de besoin, le doudou se cache dans le sac. Thomas grimace, le front se plisse, mon cœur se serre, mais Nicolas intervient. Il explique à mon tout petit dernier bébé que ça y est, il est grand maintenant, il peut aller à l'école, quelle chance ! Il va jouer au train, écouter la maîtresse, manger, se reposer, et Maman viendra le chercher quand ça sera fini. Thomas hoche la tête et serre les dents. J'ai plus qu'à faire pareil.

Nous le laissons un peu inquiet mais les yeux secs, près des rails en bois. Il ne pleurera pas de la journée. Et le soir, la maîtresse nous confirmera que Thomas, c'est un amour madame ! Pas de scoop, mais de quoi aider mon cœur à retrouver, enfin, sa place habituelle.


.......

Il aura tout de même fallu quelques semaines d'adaptation, la cantine est longtemps restée une épreuve pour notre gourmet sensible. 70 enfants au premier service, ça fait du bruit et impressionne mais ne coupe pas l'appetit, semble-t-il. L'Atsem a réglé le problème en l'installant à sa table, et depuis Thomas ne pleure plus à midi.

Il préfère, bien sûr, les journées sans école. Ou les petites, celles sans sieste. Mais dans l'ensemble, il part volontiers le matin, presque heureux de retrouver les toboggans et les vélos de la récréation, la salle de gymnastique et le coin des rails, ses maîtresses, son vieux copain Annys, et les nouveaux, Gabriel, Quentin, la blonde Manon et même la gourmande Mélina qui avait fait connaissance en mordant le bras de Thomas. Une petite bande à qui il fait des risettes et des coucous, le soir avant de me rejoindre, content d'avoir enfin, lui aussi, des anecdotes à raconter et des expériences scolaires à partager.

Tu sais Maman, ze suis grand maintenant, moi aussi ze vais à l'école, comme Diane !

Fin de journée de septembre, un brin fatigué...

10 commentaires:

  1. Un grand pas pour un grand petit bonhomme, bravo Thomas tu as réussi ta rentrée! Et les années passent, les modes changent, la robotique-numérique-informatique a déclaré qu'elle révolutionnerait notre vie, mais c'est toujours aussi difficile pour une maman de voir son tout petit si petit faire sa rentrée à l'école...Des bises à partager

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    1. Merci à toi, bonne fée couturière, qui a facilité ce grand saut vers l'inconnu. Gros bisous

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  2. C'est rigolo, j'ai pas vécu ça du tout de la même manière, mais je comprends complètement. Émile n'avait pourtant que 2 ans et demi, je n'ai eu aucune inquiétude, on y est allés presque sans y penser et lui a répondu à mon "au revoir" un léger "oui oui, à tout à l'heure maman". (Mais bon j'ai toujours été une mère indigne aussi). Quoi qu'il en soit, contente que tout se passe bien pour lui et qu'il bénéficie de la douce attention des atsem et instit...

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    1. On projette sur chaque enfant des peurs et des certitudes différentes. Les rentrées de Diane se sont toujours faites dans la sérénité. Thomas est différent, je le suis aussi. Mais attention, j'me soigne, hein ! Emile est confiant et en confiance, voilà bien la preuve que tu es loin d'être une mère indigne.

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  3. On dirait que tu décris la rentrée des profs au lycée ! Avec les emplois du temps à la place du petit train ...

    Thomas est bien préparé pour affronter la vie en société grâce à et malgré sa grande gentillesse. Il suit les rails déjà empruntés par sa grande sœur avec ses propres forces, comme une vraie locomotive qu'il aime tant.

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    1. Vous aussi, vous pleurez si vous n'avez pas le tablier Cars ?? Pas grave, demande à Maman, il doit lui rester du tissu rose.
      ps : ma locomotive a besoin de carburant, et son essence préférée c'est Papé (du sans plomb).

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  4. Qu'il est joli cet article ! J'aime lire que tout peut bien se passer. Ca j'appréhende, j'appréhende l'entrée à l'école, même si je n'en ai que de bon souvenirs.
    Que ta scolarité soit douce Thomas, mais avec une maman comme ça, ça ne peut qu'aller, c'est sur !

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    1. Pff, pour P'tit Colis, ça va aller comme sur des roulettes ! Il va être TROP content de jouer aux grands, lui aussi, et de raconter ses aventures d'écolier, lui aussi, et d'avoir une maîtresse et des copains, lui aussi. Et puis le gros, gros avantage que tu as, c'est qu'il te reste plein de looooongs mois pour y penser. Bises Marie.

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  5. Bonjour Flore, C'est Lucie la maman de Réhana je ne sais pas trop si tu te souviens de nous.
    J'espere que tout va bien pour ta petite famille.
    Tes enfants sont juste magnifiques.
    En cherchant a reprendre contact pour avoir de tes nouvelle, je suis tombée sur ton insta.

    bref si tu veux nous suivre sur insta (choupiebouboufamilys)

    bisous

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    1. Salut Lucie, contente de te retrouver ! A bientôt, bises

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Florilège & Co

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Trentenaire, amoureuse, maman, active. Ne cuisine pas, ne coud pas, ne colorie pas. Bouquine, écrit, court après le temps tout le temps.