mercredi 11 novembre 2015

L'écolière

Diane a invité une nouvelle copine, cet après-midi. Une blondinette à lunettes, drôle et gentille, dont j'entends parler depuis la rentrée. Eva. Elles ont passé un chouette samedi après-midi, à coups de marionnettes et de jeux de société, de playmobiles et de gâteaux au chocolat. Elles s'entendent bien, et j'en suis contente pour Diane. Parce que pour affronter cette année de CP, mieux vaut être bien entourée.

 Matin de septembre, dernier check up.

Le CP, c'est... disons... compliqué. Fatigant. Surprenant. Énervant. Bref, pas la panacée qu'on s'imaginait, toutes les deux.


En septembre, le cartable sentant bon le plastique neuf et ses plus belles sandales roses nouées aux chevilles, Diane a couru jusqu'au grand portail, pressée pressée pressée de retrouver l'école et ses copines. De mon bureau, j'attendais le coup de fil paternel qui m'assurerait, comme chaque matin depuis 3 ans, que pour Diane tout s'est bien passé. Oui, nous avons la chance insolente de n'avoir jamais eu à lui essuyer une larme de rentrée. Diane adore l'école, qui le lui rend bien.

Rendait bien.


Le premier soir, l'enthousiasme de notre fille ressemblait à un soufflé au fromage qui aurait trop attendu dans le four. Raplapla. Limite déprimant. Parce que tu vois, le CP, c'est un tantinet différent de la maternelle. Il faut rester assis. Loooongtemps. Et travailler. Beauuuucoup. Je veux dire, travailler pour de vrai. Plus de coloriage, collage, peinturlurage, mais des mathématiques et de la grammaire. Elle savait même pas que ça existait. 

Le deuxième soir, Diane a boycotté l'ascenseur pour rentrer à la maison. 5 étages à pattes, il fallait bien ça pour dégourdir les mollets de notre écolière. Et plus tard dans la soirée, elle a ouvert son cahier de devoirs en râlant comme trois cochons que Thomas, il a TROP de la chance d'aller chez les petits ! Additions soustractions, les sanglots longs des violons de l'automne, le roi le loir le noir le soir, Diane continue de souffler et mon soufflé de dégonfler.

Le troisième soir, elle a retrouvé le sourire à l'idée du week-end qui s'annonçait en compagnie de sa grand-mère, mais l'a perdu en avouant qu'aujourd'hui, la maîtresse l'avait changée de place (déjà ?!), paraîtrait qu'elle est trop bavarde (déjà ??!!), "et puis tu sais, je lève le doigt TOUT LE TEMPS, mais la maîtresse elle m'interroge JAMAIS !"

Le quatrième matin, elle a tout bonnement refusé de se lever. Le CP, voilà elle a essayé, merci bien mais non merci.


Il a donc fallu un certain temps, ou un temps certain, pour que peu à peu les choses se mettent en place. D'abord, pour s'habituer au rythme. Aux règles. A la discipline. Ensuite, pour s'adapter aux nouvelles têtes des nouveaux camarades, ceux qu'on connaît mais dont on se serait bien passé, et ceux qu'on ne connaît pas et dont on ne sait rien. S'adapter aussi à la classe CLIS avec laquelle elle partage le temps d'animation, en fin d'après-midi, et qui la bouscule encore régulièrement. Enfin, il a fallu du temps pour accepter que le temps de parole, à l'école comme à la maison, ça se partage....

Il a fallu du temps, mais grandir prend du temps.


Les semaines ont filé, et aujourd'hui Diane court à nouveau jusqu'au grand portail tous les matins. Le CP, finalement, ce n'est pas si mal. La maîtresse est plus douce qu'il n'y parait, les séances de piscine le lundi et de judo le mardi l'aident à tenir assise les autres jours, et l'idée de partir une semaine en classe de neige, avec ses copines mais sans ses parents, la fascine.
Diane collectionne les bons points, déchiffre avec gourmandise ses premiers mots et apprend à juguler les flots de larmes qui la submergent encore souvent. Nous avons transformé l'épreuve des devoirs en un moment de partage, parenthèse de confidences, penchées sur ses cahiers nous nous racontons nos journées entre deux lignes d'écriture.

Enfin, un rendez-vous obtenu avec la maîtresse a fini de nous rassurer. Madame M-R. a assisté, comme nous, à l'évolution de Diane, et comme nous, elle est confiante quant à la suite de cette aventure, stressante, énervante, et excitante.


Premier week-end de pause, on se requinque à coup de gâteau au chocolat avec Mamili.

4 commentaires:

  1. Merci pour ce récit Flore, j'adore! Et notre héroïne a bien du mérite, elle est drôle et si touchante Diane. Ah si j'habitais tout prêt, j'irais la chercher le midi histoire qu'elle se dégourdisse dans nos escaliers(-; Bon courage à Diane et à ses valeureux parents pour ce parcours scolaire!

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  2. Et lui éviter la cantine ? Bon ben voilà, elle va demander à son père sa mutation à Lançon. Prépare la chambre d'amis, tu le connais, il ne peut rien lui refuser. La veinarde.

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  3. Cette enfant est d'une beauté, sa mère aussi d'ailleurs !
    Aucun rapport avec cet article c'est vrai, mais il était important de le souligner !!
    Tu verras, c'est cool le CP Diane ! Lop's a fait son entrée dans la cour des grands lui aussi cette année et lui aussi on lui a dit qu'il passait un peu trop de temps à bavarder...

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    1. Rho, merci c'est adorable. Et puis honnêtement, le bavardage, c'est un joli défaut. Votre Lop's a tout compris (et quelque chose me dit qu'il s'entendrait bien avec Dianette).

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Florilège & Co

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Trentenaire, amoureuse, maman, active. Ne cuisine pas, ne coud pas, ne colorie pas. Bouquine, écrit, court après le temps tout le temps.