lundi 27 juin 2016

Le foot, c'est génétique ?

Ce matin, Diane est allée à l'école avec un maillot de l'équipe de France. HEU-REUSE. La donzelle est pistonnée, elle a assorti le t-shirt avec les chaussures.


Sur la grande table du salon, elle compte ses auto-collants, stickers des joueurs européens sélectionnés pour l'Euro. Ses jambes se balancent dans le vide, la chaise est bien trop haute pour elle, mais il n'y a que là qu'elle a la place d'étaler ses trésors. Son album se remplit doucement mais sûrement, et mine de rien, elle révise sa géographie.

Le premier soir de l'Euro, la petite veinarde a eu le droit de veiller jusqu'à la mi-temps du match. Collée-serrée contre son père, elle a bien observé et mimé chacune des mimiques de son géniteur, pleines d'espoir ou de désespoir. Elle a observé, mais surtout, elle a commenté. Tout, et tout le temps, mais hélas à contre temps. De quoi titiller la patience du plus patient des papas.
Parce que tu vois, si une Diane en temps normal, ça papote et ça commente tout ce qui lui tombe sous la dent, et bien une Diane un soir de match, ça rivalise sans peine avec les Ginola et autre Lizarazu. Que du coup on n'entend plus.

En père héroïque, Nicolas a serré les dents et laissé passer la mi-temps. Elle finira bien par aller se coucher, la donzelle, pensait-il, et alors il pourra profiter pleinement, et enfin appeler son père. Oui, appeler son père. Si moi je consulte ma mère, qui comme chacun sait est juriste, médecin, psychologue, urgentiste, et bureau des plaintes à toute heure, Nicolas appelle son père les soirs de matchs. C'est comme ça, un rituel rodé et attendrissant que je me garderai bien d'interrompre.
Parce que soyons honnête, un match de foot, ça se savoure entre hommes, même à distance ; ça se vit entre mâles, comme une partie de pétanque ou un verre de pastis. Les femmes y sont admises, bien obligés et pour le décorum, mais soyons honnête, soyons sérieux, le foot, c'est pas pour les gonzesses. Ni pour, ni par. Qui connaît le nom des joueuses de l'équipe féminines de France, humm ? Je dirai même qu'il s'agit là du dernier espace de virilité que nous leur laissons, eux à qui nous demandons de changer une couche, faire les courses et la vaisselle, et sans se plaindre en plus.

Je me suis égarée ? Pardon.

Le foot, c'est pas pour les filles, et du coup, ça plaît à la mienne. Je persiste à l'habiller de rose malgré ses protestations mais je n'arrive plus à lui faire enfiler une robe un jour d'école. Il paraît que ce n'est pas pratique. Diane aime le foot et me jette à la figure ma féminité parfaitement déplacée, d'ailleurs si j'avais fait un petit effort je lui aurai fabriqué ce chromosome Y qui lui manque tant. Voilà, Diane aime le foot et aurait aimé être un garçon. Déjà, avec 10 mots de vocabulaire, elle m'en faisait voir de toutes les nuances de bleus, refusant en bloc la moindre allusion à sa condition de fille. Ça lui a passé, alléluia... Elle reconnaît même un avantage certain au double chromosome X, puisque grâce à lui, elle aura un jour un bébé dans son ventre. Mais quand même, quand même, c'est bien dommage d'être une fille...


Diane aime le foot, par esprit de contradiction ou devoir filial, et elle a donc commenté la première mi-temps, les joues peinturlurées de bleu-blanc-rouge et le verbe haut. Je me suis aperçue, surprise, que non seulement elle reconnaissait les joueurs, mais qu'en plus, elle a compris l'essentiel des règles pourtant obscures de ce jeu de ballon. 
Ainsi, elle sait que : on ne peut pas toucher la balle avec les mains, sauf si on est le gardien ; on peut se rouler très longtemps dans l'herbe pour demander un pansement ; les cartons jaunes et rouges sanctionnent les bêtises réelles ou imaginées, mais il est interdit de protester ; et quand on marque un but, on a le droit de crier très fort mais pas d'enlever son maillot. Ça marche aussi pour les buts de l'équipe adverse, mais alors là, on crie en disant des trucs encore plus rigolos.

Diane a donc passé une bonne soirée, collée à son père et sous mon regard amoureux. Son père aussi a apprécié, finalement, puisque l'équipe de France a gagné. Et depuis, Diane suit les résultats avec intérêt, s'inquiétant à l'avance du prochain adverse et se réjouissant de concert avec son paternel. (J'espère qu'ils ne seront pas trop déçus en cas d'élimination prématurée.)

Et Thomas, me diras-tu ? Et bien Thomas n'en a absolument rien à carrer, car qu'ils soient ronds ou ovales, les ballons ont pour défaut majeur d'être dépourvus de moteur. CQFD.



3 commentaires:

  1. De toute façon l'important c'est qu'ils aiment la voile. Ya un moteur et c'est un univers très masculin. Parfait pour les deux ��

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    1. Ton commentaire n'était pas apparu ! Cette plate-forme me fait des blagues parfois, j'espère qu'elle tiendra la route, ELLE....
      En tout cas merci de toujours prendre le temps de me laisser un mot, ça me fait très plaisir. Et pour la voile, Diane est déjà d'accord, restera à convaincre Thomas. Tu crois qu'il y aurait un moyen de mettre des roues sur le Prélude ??

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    2. Il a déjà deux jambes ... et avec tous les winches et diverses poulies,il aura bien de quoi faire tourner quelque chose

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Trentenaire, amoureuse, maman, active. Ne cuisine pas, ne coud pas, ne colorie pas. Bouquine, écrit, court après le temps tout le temps.