Spectacle de fin d'année, au cours de théâtre...
Diane a choisi le rôle de l’orage. Celui qui est en colère, tape du pied, gronde et se marre.
Elle
a choisi l’orage, et a imposé le costume sans robe ni sandale. Alors, Mamili
s’est pliée aux exigences de l’artiste et lui concocté un déguisement tout en
argent, brillants et éclairs. Moi, je lui en ai fabriqué un, d’éclair. Assorti à
la tenue. Un éclair sur le modèle de celui d’Harry Potter, pour être un peu
aussi l’héroïne de ma fille.
Elle
a laissé passer les jours jusqu’au grand jour, tranquillement, patiemment, sans
larme ni angoisse. Après tout, c’est son quatrième spectacle, elle est
rodée, une vieille habituée des planches. Nous avons essayé d’en savoir plus, mais elle n’a rien voulu dévoiler. De toute façon, elle n’avait rien à répéter,
ou seulement 3 phrases. Le reste, ce serait de l’impro, alors… C’est tout juste
si elle révisait, à l’heure du bain, la chanson du final. Mais là, c’était
sérieux, elle serait la chef de la chorale, pas question de se tromper.
Le
jour J, je lui ai préparé son sac à dos, pic-nic, costume, brosse et barrettes
à cheveux. Elle est partie en sautillant et les ongles intacts. Je ne pouvais
pas en dire autant des miens.
Une
demi-heure avant le lever de rideau, nous étions assis au troisième rang, Thomas
sur les genoux, pressés et inquiets. Enfin, enfin, les lumières se sont
éteintes.
Comme
l’année dernière, les petits comédiens étaient tous bien mignons, tout jolis dans
leurs jolis costumes. Un peu timides, petites voix et doigts dans le nez,
regards inquiets, texte marmonné. Le public était conquis avant même de
commencer, tout prêt à pardonner les répliques oubliées.
Et
puis Diane est arrivée. Plus tornade qu’orage, elle a tourbillonné, crié,
tonné, pouffé. Elle s’est lancée dans une improvisation hallucinante sur le
thème du poulet qu’elle allait faire griller, sur les éclairs qu’elle ferait
pleuvoir et qui piqueraient les fesses des nuages restés là. Elle a sauté,
tourné, dansé, les gestes appliqués, la moue clownesque, les mots fusant à 100
à l’heure, pas émue pour un sou des rires qui venaient de la salle mais aussi
des coulisses, de plus en plus nourris, jusqu’à ce qu’elle cède la place au
personnage suivant.
Thomas
en était baba d’admiration. Leur père aussi, et moi je n’en menais pas large. Je sais bien que ses habituelles larmes et inquiétudes cachent une solide, brillante,
époustouflante petite bonne femme, et pourtant je suis toujours frappée de la voir si sûre
d’elle.
Dix minutes après, devant ses copains en rang d’oignons, elle a entamé leur chanson,
« le soleil a rendez-vous avec la luneuh ! Mais la lune n’est pas là,
et le soleil l’at-tend… lalunéla, lalunéla, mais le soleil ne la voit
pas ! » Les artistes ont été chaleureusement applaudis. Thomas, les
yeux humides, tapaient dans ses mains le plus fort possible en criant
« Bravo Diane ! Bravo Diane ! », faisant se retourner le
deuxième rang rigolard. Les enfants ont salué comme des grands, et puis ont
couru se cacher dans les coulisses.
Plus
tard, à l’entracte, nous avons récupéré notre Sarah Bernhardt, heureuse de sa
soirée et de cette année de théâtre. Le spectacle lui a tant plu qu’elle a un
peu regretté d’avoir déjà choisi une autre activité extra-scolaire pour l’année
prochaine. Mais le théâtre, elle y reviendra, si le cœur lui en dit. On n’est
pas obligé d’être fidèle quand on a 7 ans.
Et puis les plus grands
artistes choisissent toujours de finir au sommet de leur gloire, le moment me
semble donc approprié.
Nous
sommes rentrés et nous avons récompensé la vedette et son frère bien sage par
un repas américain. Et pendant plusieurs jours encore, une petite ritournelle a tourné en boucle sous les crânes familiaux. « Le soleil a rendez-vous
avec la luneuh ! Mais la lune n’est pas là, et le soleil l’at-tend…
lalunéla, lalunéla, mais le soleil ne la voit pas ! »
Elle
a choisi l’orage, et elle a drôlement bien fait.
Tonnerre de Brest ! Entre la mère qui est une vraie batterie chargée au solaire, la fille vive comme un éclair, le fils une locomotive électrique, le père qui déborde d'énergie, on ne peut qu'avoir le coup de foudre pour cette si belle famille. ��
RépondreSupprimerMouais. Les batteries familiales ne sont plus loin du plat, hâte d'aller recharger tout ça à Quend. Thomas m'a demandé hier les vacances, je lui ai dit que ça approchait. Il m'a dit : "mais non, les vacances à la maison de Queeeend, avec Papé et Mamili ??" Aah, les VRAIES vacances ? Ben ça approche aussi !
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