Pendant qu’on regardait ailleurs, Thomas a soufflé une
demi-bougie supplémentaire. 3 ans et demi pour notre petit père solide et
costaud, tendre et… exigeant.
3 ans et demi tu vois, dans le monde de Thomas c’est la
pré-adolescence. Parfaitement. Dans le monde de Thomas, quand on a 3 ans et
demi, on est grand, on veut être le chef et on le dit. HAUT. Et FORT. Surtout
FORT. On retarde au maximum l’heure du coucher, on surveille que l’Autre, la
Blonde, n’ait pas un grain de riz de plus dans son assiette, et on râle sans
complexe si d’aventures les choses ne se passent pas EXACTEMENT comme on
l’avait espéré. On râle, on chouine, on boude. Et on serre fort ses petits
poings qui aimeraient bien dire leur colère, mais pour l’instant on les
maîtrise parce que ça, quand même, ça c’est vraiment interdit pour de vrai.
Pas de bol pour notre petit père plus si tranquille donc,
dans le monde de Thomas les parents sont têtus. Et ils aiment bien avoir le
dernier mot (surtout le papa. Si si. Moi je suis un ange de calme et de
patience.). Du coup, les négociations attendries devant ce tout petit qui
voudrait devenir grand ont fait place aux inflexibles « c’est
comme ça et pas autrement bon sang de bois ! »
C’péniiiible, les parents... Vivement la majorité, qu’il se
dit en allant bouder dans sa chambre sous le regard trop heureux de l’Autre.
Majorité qui, à ce rythme, devrait être fêtée d’ici 3 ou 4 ans. Bref.
Mises à part les tensions aux heures de bain – fin de
dessins-animés – rangement de chambre –
couchers en tout genre, Thomas reste Thomas, attentif et gentil. Collé-serré à
l’Autre dont il envie la place d’aînée et jalouse la tablette numérique, mais
incapable de résister à ses appels aux jeux, cache-cache, foot-en-salle (dans
le couloir) et autre bagarres. Il a du bol, elle est gentille et patiente. En
fait, la seule chose qu’il adore plus que sa sœur, c’est l’embêter. Et je dois
reconnaître qu’il excelle en la matière.
Il aime toujours à la folie les trains, son circuit menace
désormais d’envahir le couloir, et balance allègrement tous les playmobiles que
sa sœur lui refile (« moi tu sais z’aime pas les bonhommes, ça sert
pas ». Ah, d’accord.) Il a ajouté une grue télécommandée à son chantier
(merci Papy Jacques et Mamyo) et ne jure que par ses moteurs diesel, essence ou
électrique (et malheur à qui confond…)
Il garde son sommeil léger, léger, léger… et ne dort jamais
mieux que sur l’oreiller maternel. Voir sur la tronche maternelle, les pieds
dans le cou paternel, ce qui a le double avantage de tenir le rival à distance
tout en gardant les petons au chaud.
Oui Thomas est un malin. Un très, très grand malin, qui
m’épate, fierté personnelle, par sa maîtrise des chiffres. Il lui arrive de
reprendre Diane, qui pourtant n’est pas née de la dernière pluie. Il jongle
avec les chiffres, joue, s’amuse, additionne et soustraie, et réclame, c’est
précis, 17 bisous le matin (« 17 c’est 1 et 7 »), et 23 le soir
(« 23 c’est 2 et 3 »). Ça compense son bonhomme patate qui n’a toujours
ni bras, ni jambe… Ah, et il adule le 5. Le 5 c’est son préféré, comme le bleu
et le rouge. Tout comme je te dis.
Il squatte la chambre de Diane pendant ses devoirs et tend
une oreille au moment de la lecture. Avec elle, il ânonne les lettres, apprends
à dessiner le T, et trouve dans le mot Canard les deux A tant appréciés. (Oui
parce que tu comprends, le A il est partout, chez Thomas, chez Diane, chez
Maman, et chez Papa 2 fois. L’est très fort, le A.)
Thomas aime par-dessus tout les journées toussensemble, nos
dimanches extra - ordinaires que l’on passe à 4. Et tous les soirs, il
m’embrasse en me murmurant : « tu sais Maman c’était bien la
patinoire, la fête foraine, le parc des jeux, les hamburgers, les
surprises... »
Thomas, évidemment, c’est mon roi absolu. On fait un
joyeux ménage à 3, lui, Œdipe et moi. Mais quand même, après chaque déclaration
d’amour jusqu’aux étoiles, il me précise, gravement, que moi je suis une fille
et lui un garçon. Et c’est bien connu, les garçons c’est mieux que les filles,
la preuve y’a que Papa qui conduit la voiture. Alors un jour il sera grand et
costaud comme Papa, mais t’inquiète pas Maman, tu pourras monter dans ma
voiture rouge.
(100 ans de féminisme anéantis par ma flemmatide aigüe qui
m’a empêchée de passer le permis. Là, j’ai un peu honte, quand même.)
C’est mon roi, mais je partage. Thomas trouve donc absolument
normal d’être le chouchou du quartier, celui à qui les petites filles du parc
filent la moitié de leur goûter et que les petits garçons poussent sur le vélo
de la récré. NOR-MAL. Il trône tous les midis, seul mâle accepté à la
table de l’Atsem, et celle-ci m’a dit « vous comprenez, Thomas, au fond,
c’est un sensible… »
Ben voyons. Chai pas où il a pêché ce gène (en vrai j’ai ma
p’tite idée), mais ça lui convient parfaitement.
Il a aussi de surprenant de très, très bien supporter de
rester seul. On ne nous avait pas habitués à ça (si tu vois c’que je veux
dire…). Au parc ou dans la cour de récré, il lui arrive de se la jouer
solitaire et sans complexe, impassible devant les querelles de bac à sable
qui faisaient s’effondrer une autre enfant de ma connaissance.
Car finalement, Thomas, pour être parfaitement comblé, n’a
besoin que de ses parents, sa sœur, son doudou et ses moteurs (je ne suis pas
totalement sûre de l’ordre). Ça tombe bien, parce que nous, pour être parfaitement
comblés, n’avons besoin que de lui, de sa sœur, et de leurs doudous (je ne suis
pas, non plus, totalement sûre de l’ordre).
Et d'après ta mère c'est mon anti-depresseur préféré. Je vois pas pourquoi elle dit ça ?
RépondreSupprimerCe qui est sûr, c'est que tu es le sien. Une histoire de molécule, ou de gènes, j'ai pas tout saisi...
Supprimer