En même temps, les dents de devant, c’est très surfait.
Limite inutile, tu vois. Sans elles, on avale beaucoup plus facilement sa soupe
et on a le sourire le plus rigolo de la photo de classe, alors…
En même temps, les dents de devant, c’est très surfait.
Limite inutile, tu vois. Sans elles, on avale beaucoup plus facilement sa soupe
et on a le sourire le plus rigolo de la photo de classe, alors…
Diane croit encore à la petite souris. Ou à la fée des
dents, elle n’a pas encore tranché, c’est selon son humeur. Mais qui que ce
soit, Diane la trouve sympathique et gentiment radine. Alors, à voix haute,
elle soupire et espère que, peut-être, la-petite-souris-fée-des-dents voudra
bien lui donner, en échange de la dernière incisive qui l’a tant embêtée avant
de tomber, un « ticket ». Comme mes copines de l’école tu vois,
c’est bizarre que elles, elles ont toujours un ticket alors que moi, j’ai une
pièce, hein Maman c’est bizarre ?
Ooh la bienheureuse enfant culpabilisante qui a
trouvé, sous son oreiller, un billet de 5 euros…
Et voilà Diane qui thésaurise. Qui garde, compte, cache et
perd ses sous. Et puis qui oublie de les amener en sortie « soldes entre
filles ». Alors, elle jure MORDICUS qu’elle me remboursera les 2 euros
qu’ont coûté ses barrettes et celles qu’elle offre à sa copine Éva. Sadique, je
lui ai rappelé sa promesse, le matin du ticket. Mais Diane m’a calmement
répondu que ce serait vraiment trop dommage de casser un si beau billet, promis
elle me remboursera avec les prochains 2 euros que lui donnera la petite souris…
Diane, princesse édentée, carré court et yeux azurs, est une
grande, très grande maline.
Le CP se passe. Elle épèle, tâtonne, lutte, souffle mais finalement
engrange les bonnes notes. Les maths semblent avoir sa préférence, qui l’eut
cru ? La maîtresse dit aussi que c’est une lectrice, et c’est vrai que les
panneaux publicitaires n’ont plus aucun secret pour elle.
Des bonnes notes, mais pas que. Un jour funeste, un « C »
a sanctionné sur le bulletin ses bavardages dans les rangs. Vexée et déçue,
Diane a pleuré toutes les larmes de son corps et a juré de faire de très, très
gros efforts, « mais tu comprends, c’est pas moi, c’est ma
bouche ! ». Sur le bulletin suivant, elle a obtenu un B. Satisfaite,
elle semble considérer que les très, très gros efforts ont été fructueux, elle
peut s’arrêter là.
Elle a repris le théâtre, cette année, et continue son
travail sur l’ar-ti-cu-la-tion. Nous constatons avec plaisir que les
« re » et les « che » trouvent leur place, presque à chaque
fois ! La prof affirme aussi qu’elle est de loin la plus à l’aise avec les
exercices d’improvisation (tu m’étonnes…..), et qu’elle accepte désormais de
perdre sans s’effondrer. Il était temps.
Elle grandit donc, la demoiselle. Mamili lui rallonge ses pulls pendant que Mamyo reprise ses pantalons (toutes les deux travaillent pour moi au black et à l’œil, oui je suis capitaliste dans l’âme). Elle grandit, et elle aussi s’en est aperçue. Elle approche des 7 ans avec l’espoir de se lever, le matin de son anniversaire, sage et transfigurée par l’âge de raison.
J’espère qu’elle ne sera pas trop déçue.
Elle a tant grandi que cette fois, ça y est c’est sûr, elle
aime moins Clochette. De peur de vexer la petite fée, elle s’empresse de
préciser qu’elle l’aimera toujouuuuurs, hein ! Mais maintenant, elle
préfère Harry Potter. Harry Potter, le sorcier à lunettes. Ou plutôt, sa copine
Hermione, la petite futée bavarde qui a toujours raison (…). D’ailleurs, elle
trouve absolument désolant qu’on ne lui ait pas choisi ce prénom. Hermione,
c’est tellement plus original que « Diane », et t’es SÛRE qu’on ne
peut pas changer maintenant ?? Inflexibles, nous lui avons expliqué que si
elle avait dû porter le nom d’un bateau, ça aurait été Mordillo, alors
estime-toi heureuse cocotte (comprendra qui pourra).
Diane et moi passons donc nos soirées à Poudlard. Allongée sous
sa couette, le regard perdu dans le vide et le doigt vissé dans la bouche, elle
m’écoute, frissonne, s’inquiète et s’enthousiasme pour les aventures des sorciers.
Le premier tome a été expédié en moins de 2 semaines, le second suit le même
rythme. A 8h pétante, je ferme le bouquin, sourde aux suppliques de l’aimée
(« encore un peu, encore une page, encore 3 mots, siltepléééé…. »)
parce que demain le réveil sonnera tôt, et puis j’ai la bouche sèche.
A la fin du premier livre, nous lui avons organisé un samedi
soir cinéma, après le coucher de Thomas. APRES LE COUCHER DE THOMAS
PURÉE ! L’absence de son frère nous assurait déjà la nomination aux Oscars
des meilleurs parents de l’univers. Et pour être sûrs de décrocher la
statuette, on l’a laissée se glisser sur le canapé entre nous, un croc-monsieur
dans une main et le saladier de pop-corn sur les genoux.
Ça a été la meilleure soirée de toute sa vie. Et c’est pas
moi qui le dis, c’est elle qui l’écrit.
J.K. Rowling suit donc la Comtesse de Ségur et Marc Twain.
Et là encore, je suis épatée par l’aisance avec laquelle elle s’approprie des
récits complexes et se joue des subtilités narratives. Elle comprend toujours
tout. Pendue à mes lèvres, m’arrêtant sur un mot inconnu, échafaudant des
théories pour la suite, elle écoute et n’en perd pas une miette. J’adore la
voir ainsi. J’adore et elle le sait, alors elle m’entraîne et m’emporte dans
ces mondes nouveaux, et moi je la suis, mes livres à la main et le cœur
amoureux de la voir si bien grandir. Je la suis, partout et toujours.
Elle grandit, lit et perd ses dents ma poulette, ma
doucette, et je trouve ça fabuleux.
Mot d'amour retrouvé au fond du cartable. La séance cinéma était décidément la bonne idée du mois !
Et si en plus elle aime les maths... !!!
RépondreSupprimerConcernant son prénom, vaut largement mieux Diane que Mordillo. Même s'il n'aurait pas renié son dernier dessin : très parlant sans parole.
M'a fallu 2 secondes pour comprendre : c'est très bien vu !
Supprimer