vendredi 2 juin 2017

Convers'ation

Par où commencer… ? Par nos pieds, pardi. Nos pieds qui ont quitté le confort sportif de Nike pour l’élégance décontractée de Converse.
On est comme ça, chez nous. On a le pied branché. 

Ce n’est pas clair ? C’est pourtant simple : l’Homme est devenu Calife à la place du Calife. Et crois-moi, c’est un super Calife. Il est Calife depuis le 1er mars et règne sans partage sur un nouveau territoire à étoiles.
Un territoire qui se situe, à la louche, à 230 kilomètres de chez nous. Alors, évidemment, ça suppose quelques adaptations.

Déjà, il ne vit plus à la maison et a posé ses pénates, oreillers à mémoire de forme et consoles dernier cri, chez mes parents.
Chez mes parents, ui ui.

Ne t’étonne pas, mes parents sont HYPER accueillants. HYPER gentils, HYPER attentifs, et surtout, HYPER motivés. Car comme le dit l’adage : on n’attrape pas des mouches avec du vinaigre. Ou, plus, trivialement, on n’attrape pas Flore et ses canetons sans Nicolas.
Parce que si tu calcules bien, 230 kilomètres ça fait grosso modo Lançon et les terres Bronbron. Là où, à terme, nous déménagerons. (A terme, ça veut dire cet été. Le terme est proche, t’vois, moins qu’une gestation. J’ai tardé à annoncer la nouvelle. A croire que j’ai fait un petit déni. Bref.)


Le voilà donc, mon cher et tendre, à la barre de son nouveau navire la semaine, et les week-end à Nice. Il navigue, plutôt à l’aise, entre des semaines bien chargées à monter puis à tenir sa nouvelle équipe, et des dimanches-lundis chez lui, à profiter de son pré retrouvé. Il vit à 100 à l’heure, l’esprit bien occupé mais heureux de cette nouvelle aventure méritée, de ce défi sans cesse relevé.
Bien sûr, il est un peu triste de quitter Nice et ses anciens vendeurs éplorés. (Note, je les comprends, parce que ça me fait un peu le même effet.) Il laisse son magasin à virgules et beaucoup de lui dans ses rayons multi-couleurs, fleurant bon le plastique neuf et le sportif réjoui. Il part, chargé de cadeaux d’adieu et de mots doux, l’esprit un peu chagrin mais pas trop quand même parce que vois-tu, en vrai, Converse appartient à Nike. Il reste donc en famille, ce qui augure de régulières cousinades américaines.
Le chanceux.


Et mon nombril, dans tout ça ?
D’abord, mon nombril n’a pas à se plaindre, il a dit oui et c’est un peu tard pour regretter.
Ensuite, il a les yeux des enfants rivés sur lui, alors il sert les fesses et affiche un grand sourire serein et sûr de lui. Oui, mon nombril fait tout ça.
N’empêche, ni lui ni les enfants ne sont bêtes, tous ont bien compris ce que signifiait ce nouveau poste pour Nicolas : nous allons quitter Nice.

Quitter Nice, pour mes bébés niçois, ce n’est pas un drame. D’autant qu’il y a la promesse de se rapprocher des grands-parents, de trouver une petite école un peu plus calme que la leur, un paysage sans béton et peut-être, peut-être, un jardin avec un chien.
Diane espère qu’elle pourra aller chez Mamili à vélo et qu’on invitera ses copines niçoises à nous rendre visite. Thomas espère qu’il connaîtra rapidement la couleur de son prochain tablier scolaire et qu’on continuera à prendre le train régulièrement.

Sinon ça va, ils ne sont ni vraiment inquiets, ni trop perturbés par l’absence de leur père.

Bon, bien sûr, les semaines « garderie le matin » et « étude le mercredi » sont parfois un peu longues. Bien sûr, leur mère n’est pas toujours d’une humeur douce et tranquille, ils doivent souvent filer droit et vite pour éviter ses grognements. Bien sûr, il faut grandir vite, s’au-to-no-miser (ça veut dire faire ses lacets tout seul ou, à défaut, ceux de son frère, pendant que leur génitrice court après le cartable, la brosse à dents, son rouge à lèvres ou un porte-clefs), mais dans l’ensemble, ils se débrouillent bien.
Et puis il y a un gros avantage : le dimanche, on rattrape tout ça, à coup de câlins dans le lit parental, de fast-food, de parcs et de trampolines toussensemble.  

En ce qui me concerne, les choses sont un chouïa moins simple. Même si j’adore aussi les dimanches fast-food. Car vois-tu, quitter Nice, ce n’est pas seulement quitter mes copines chéries, mon cours de zumba adoré, mon immennnnnse appartement, et cette ville que je connais absolument par cœur. C’est d’abord et avant tout : quitter mon boulot.

Je l’admets, j’ai souvent râlé contre mon travail. J’ai parfois pesté le dimanche soir et traîné des pieds sur le chemin. Mais en vrai, je l’aime bien, ce job. Il a du sens. J’y suis bien, à l’aise, facile, confortablement installée à un poste que je maîtrise, rassurée par la confiance de ma hiérarchie et motivée par de lointaines mais jolies perspectives d’évolution.
Alors m’en aller…. Enfin, disons que ça ne me serait pas venu à l’idée.

J’ai annoncé mon départ mi-février. Sans pleurer, parce que je suis majeure et vaccinée. Mais leur déception vaguement réprobatrice a fait écho à mes scrupules. Les lâcher maintenant, à 5 mois du 14 juillet ? Et alors que mon grade n’est pas encore validé ?? C’est risqué et ingrat. Alors j’ai négocié un départ à la fin de l’été, après les commémorations, une fois ma principale charge de travail effectuée. Pour ne pas partir comme une voleuse, pour nous laisser à tous le temps de nous retourner. Pour faire traîner en longueur les aurevoirs. Et pour grappiller encore quelques mois de salaires.

Car après, où aller ? Comment vivre, comment retrouver du travail, ce travail dont dépendent maison, jardin, chien, piscine, veau, vache et cochon ?

Alors, j’ai retroussé mes manches et me suis lancée dans la grande aventure de la recherche d’emploi. CV, lettre de motivation, je me suis ruinée en carnets de timbres. Prises de contacts, coups de téléphone, demande de rendez-vous, je me suis prise suffisamment de râteaux pour ouvrir un Castorama. J’ai sonné aux portes de mes grands chefs, j’ai sollicité des soutiens et offert mes services à droite comme à gauche. Littéralement. Pour les uns, je suis trop de droite, justement. Pour les autres, pas assez. Pour Marseille, je suis trop niçoise, moi qui suis née en Picardie et ai grandi dans les Bouches-du-Rhône. Pour un responsable RH que j’ai rencontré, mes boucles d’oreilles sont trop brillantes, et puis je suis trop souriante.

Trop maman, trop jeune, trop diplômée…
Trop marre, quoi. Mais bon, je ne baisse pas les bras, et j’en récolte les tout premiers fruits. Deux entretiens d’embauche à venir. Deux sur un bon milliard (au moins) de démarches, c’est déjà ça. Il n’en suffit que d’un, il paraît. Alors je vais ressortir mon tailleur spécial oral de concours, mon sourire le plus pro et mon brushing le plus impeccable, et on verra bien ce qu’il en sortira.


Et puis j’ai un nouvel atout. Un atout de maître auquel je ne croyais plus mais qui va, grandement, me faciliter la vie : j’ai passé mon permis.
Oui, je sais, il était temps. Mais là, j’étais ultra méga motivée (traduction : ultra méga stressée-paniquée). Car figure-toi qu’à Lançon, il n’y a pas de tramway. Non. Et je ne me voyais pas chercher du travail à vélo. Non non non.

Alors, je me suis retroussée les manches qu’avaient de toute façon pas eu le temps de retomber, et j’ai passé code et conduite. Avec pertes et fracas, hein, parce que c’était pas une partie plaisir et que j’y ai laissé un sacré paquet de plumes d’orgueils. Mais le ridicule ne tuant pas, j’ai survécu, raté mon permis une fois, deux fois, maudit la terre entière, rongé des ongles que je n’avais plus, et réussi la troisième fois. (Le 27 avril 2017. Je note pour ne pas oublier. Après tout, c’est au moins aussi important que la première dent de Diane.)
Pas eu le temps de sortir le champagne du frais que mon amoureux (soulagé aussi) m’offrait une voiture. Très, très mignonne, cette petite voiture. Mais pas très, très obéissante. Il va me falloir encore quelques temps pour l’apprivoiser complètement. Pas grave, du temps, j’en ai encore un peu, et puis malgré tout, tout sera plus simple avec elle.



Et nous voilà donc, les Web-Bronbron, avançant pas à pas sur le chemin de l’aurevoir à Nice. Rien ne sera simple, entre recherche d’emploi, d’appart’, d’entreprises de déménagement, couper l’eau et l’électricité, déposer nos préavis, faire nos comptes et le deuil de cette ville qui m’aura donné 10 belles années, 2 beaux enfants, un joli mariage et mon premier vrai travail.
Mais ce n’est qu’une étape de plus, la Vie vitesse grand V, il y a surement aussi bien, peut-être même mieux, qui nous attend ailleurs. Et au pire, on fait une bonne équipe, tous les 4, de celle qui danse sous les orages.

Et puis c’est sûr, à Nice on reviendra.



Premières plages et (vraies) baignades de l'année.


2 commentaires:

  1. Quelle jolie aventure qui s'annonce! Félicitations à vous deux. Vous méritez tout cela. Je vous souhaite que le meilleur pour ces nouvelles pages à écrire. Grosses bises à tous les 4.

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    1. Ah c'est l'avantage du grand vide : il y a tout à construire, tout à écrire ! Vous connaissez ça. Bises à tous les 4

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Florilège & Co

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Trentenaire, amoureuse, maman, active. Ne cuisine pas, ne coud pas, ne colorie pas. Bouquine, écrit, court après le temps tout le temps.